mardi 1 décembre 2015

L'abolition de l'esclavage



L'abolition de l'esclavage en France est progressive. 

Dès la monarchie de juillet (1830-1848), des aménagements de la condition servile sont réalisés : par exemple, la mutilation et le marquage au fer rouge des esclaves fugitifs sont interdits.
En 1846, le roi Louis-Philippe abolit l'esclavage dans les domaines royaux de la Martinique, de la Guadeloupe et de Mayotte. Mais le premier ministre Guizot refuse d'aller plus loin.



C'est la II° République, née de la révolution de 1848, qui mène à bien la suppression de l'esclavage. Le personnage emblématique de l'abolition de l'esclavage est Victor Schoelcher, journaliste, puis député. Il se bat contre l'esclavage dès les années 1830 (De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale, 1833). Il y parvient le 27 avril 1848, libérant ainsi 248 500 esclaves noirs dans les colonies françaises d'Amérique et de l'Océan indien).

Cet évènement est immortalisé sur la toile par le peintre François-Auguste Biard, en 1849.





L'abolition de l'esclavage 
(27 Avril 1848)
François-Auguste Biard, 1849

 Hauteur 261 cm - Largeur 391 cm
 Huile sur toile,  Versailles


Le tableau de Biard représente une scène d’émancipation dans les colonies, au moment de la proclamation de l’abolition de l’esclavage. Au centre, deux esclaves noirs manifestent leur joie, bras levés et chaînes déliées. D’autres, agenouillés, semblent bénir le député chargé de l’annonce, planté sur son estrade, représentant de la République qui vient d’adopter le décret dont il tient le texte en main. La ligne de fuite qu’indique son bras levé s’évanouit dans le drapeau bleu blanc rouge, confirmation de la présence symbolique de la République française. Sur sa gauche, des mousses rappellent la présence de la Marine comme force armée dans les îles. Sur la droite du tableau, c’est la société coloniale qui apparaît, toute de blanc vêtue, recevant dignement les remerciements d’une ancienne esclave agenouillée. Ombrelle, étoffes blanches et luxueuses et canotier s’opposent à la semi-nudité des esclaves, dont les corps noirs enchevêtrés forment une masse compacte. A l’arrière plan, une représentation typique des îles exotiques, avec cocotiers, plaines de culture et montagnes arides, suffit à évoquer n'importe quelle île à sucre.

 La France n’innovait pas en la matière, puisque l’Angleterre, dès 1808, avait aboli la traite des noirs et incité de nombreux pays européens à faire de même. Mais le tableau rend bien l’utopie quarante-huitarde, forte de l’universalité de ses principes et encline à faire participer les colonies à la grande messe républicaine. L’abolition de l’esclavage est certes un pas immense dans la lente acquisition des libertés, que l’art se doit de célébrer, mais le tableau de Biard dit aussi le siècle des puissances impériales triomphantes, sûres de leur légitimité et de leur bienveillance à l’égard des peuples colonisés.

Texte de  Mathilde LARRÈRE   http://www.rmn.fr/