L'abolition de l'esclavage en France est progressive.
Dès la monarchie de juillet (1830-1848),
des aménagements de la condition servile sont réalisés : par exemple,
la mutilation et le marquage au fer rouge des esclaves fugitifs sont
interdits.
En 1846, le roi Louis-Philippe
abolit l'esclavage dans les domaines royaux de la Martinique, de la
Guadeloupe et de Mayotte. Mais le premier ministre Guizot refuse d'aller
plus loin.
C'est la II° République, née de la révolution de 1848, qui mène à bien la suppression de l'esclavage. Le personnage emblématique de l'abolition de l'esclavage est Victor Schoelcher, journaliste, puis député. Il se bat contre l'esclavage dès les années 1830 (De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale, 1833). Il y parvient le 27 avril 1848, libérant ainsi 248 500 esclaves noirs dans les colonies françaises d'Amérique et de l'Océan indien).
Cet évènement est immortalisé sur la toile par le peintre François-Auguste Biard, en 1849.
L'abolition de l'esclavage
(27 Avril 1848)
François-Auguste Biard, 1849
Hauteur 261 cm - Largeur 391 cm
Huile sur toile, Versailles
(27 Avril 1848)
François-Auguste Biard, 1849
Hauteur 261 cm - Largeur 391 cm
Huile sur toile, Versailles
Le tableau de Biard représente une scène d’émancipation dans les
colonies, au moment de la proclamation de l’abolition de l’esclavage. Au
centre, deux esclaves noirs manifestent leur joie, bras levés et
chaînes déliées. D’autres, agenouillés, semblent bénir le député chargé
de l’annonce, planté sur son estrade, représentant de la République qui
vient d’adopter le décret dont il tient le texte en main. La ligne de
fuite qu’indique son bras levé s’évanouit dans le drapeau bleu blanc
rouge, confirmation de la présence symbolique de la République
française. Sur sa gauche, des mousses rappellent la présence de la
Marine comme force armée dans les îles. Sur la droite du tableau, c’est
la société coloniale qui apparaît, toute de blanc vêtue, recevant
dignement les remerciements d’une ancienne esclave agenouillée.
Ombrelle, étoffes blanches et luxueuses et canotier s’opposent à la
semi-nudité des esclaves, dont les corps noirs enchevêtrés forment une
masse compacte. A l’arrière plan, une représentation typique des îles
exotiques, avec cocotiers, plaines de culture et montagnes arides,
suffit à évoquer n'importe quelle île à sucre.
La France n’innovait pas en la matière, puisque l’Angleterre, dès 1808,
avait aboli la traite des noirs et incité de nombreux pays européens à
faire de même. Mais le tableau rend bien l’utopie quarante-huitarde,
forte de l’universalité de ses principes et encline à faire participer
les colonies à la grande messe républicaine. L’abolition de l’esclavage
est certes un pas immense dans la lente acquisition des libertés, que
l’art se doit de célébrer, mais le tableau de Biard dit aussi le siècle
des puissances impériales triomphantes, sûres de leur légitimité et de
leur bienveillance à l’égard des peuples colonisés.