mercredi 9 décembre 2015

Voltaire, philosophe des Lumières



La vie de Voltaire

Voltaire, de son vrai nom François-Marie Arouet, est né à Paris en 1694 et y est mort en 1778.
Il est considéré comme l'un des plus grands esprits du XVIII° siècle. Auteur de très nombreux ouvrages, il a essayé son talent à de nombreux genres littéraires : les essais (réflexions personnelles sur des sujets précis), les contes philosophiques (histoires extraordinaires permettant de dénoncer des injustices de son époque), les pamphlets (textes assez courts attaquant une personnalité très en vue, qui circulent le plus souvent "sous le manteau"), l'histoire (il a été un grand admirateur de Louis XIV, même s'il n'approuvait pas tous ses actes, loin de là), et même le théâtre .
Voltaire est donc un esprit génial et universel.


Son milieu et sa jeunesse

Son origine est très modeste. Sa famille, originaire de province, a accédé à la petite noblesse avec son père, François, qui est notaire. A l'époque en effet, accéder à ce genre de fonction permettait d'obtenir un titre de noblesse. Mais ce titre de noblesse est méprisé par la "véritable" aristocratie et Voltaire souffrira toute sa vie de ne pas être considéré par la noblesse comme l'un des leurs. A défaut d'être accueilli parmi les Grands, il se battra contre cet ordre privilégié.
Jeune homme, il annonce à son père qu'il souhaite devenir homme de lettres. celui-ci refuse et le jeune François Marie s'inscrit dans une école de droit pour devenir avocat. Pendant ses études, il mène une vie très dissolue, pleine de fêtes et de rencontres avec de jeunes gens riches et influents.
Il s'attaque pour la première fois aux puissants à cette époque, écrivant des propos diffamants sur le régent qui règne en France à ce moment là. Il est alors condamné à la prison et est enfermé à La Bastille pendant onze mois.


Ses voyages

En 1726, après une dispute avec un jeune aristocrate très puissant, M. de Rohan, qui le fait bastonner publiquement, Voltaire s'exile en Angleterre, à l'âge de 32 ans. Il s'installe à Londres.
Il est très impressionné par ce pays : les aristocrates ne se contentent pas de profiter de leurs terres, mais travaillent à les améliorer et à les développer et on y jouit d'une liberté d'expression inconnue en France. D'autre part, l'Angleterre est une monarchie parlementaire, les pouvoirs du roi ne sont pas absolus puisqu'il les partage avec un parlement en partie élu. et les sujets du roi bénéficient d'une protection contre les abus de la justice: c'est l'Habeas Corpus, un texte de 1679 qui limite l'emprisonnement et interdit la torture.

De retour en France, Voltaire passe quelques séjours à la cour du prince de Loraine.
Entre 1750 et 1753, il est invité à séjourner auprès du roi Frédéric II de Prusse, qui lui confie de grandes responsabilités. Frédéric est fasciné par l'esprit brillant de Voltaire et certaines de ses idées. On appelle ce genre de roi, ouvert aux idées des Lumières, un despote éclairé.
Mais les deux hommes finissent par se brouiller et Voltaire entre en France.
  

Le retour et la fin de sa vie

Voltaire s'installe finalement à Ferney, entre la France et la Suisse. Il prend en main la communauté locale, se lance dans des entreprises agricoles ou artisanales à travers lesquels il met en applications de grandes idées scientifiques de l'époque. Les habitant de Ferney s'enrichissent grâce à lui, même si, en vieillissant Voltaire devient de plus en plus de compagnie insupportable, s'emportant contre les uns ou les autres à la moindre occasion...
C'est là qu'il écrit une partie de son œuvre, participe à la rédaction de l'Encyclopédie, en collaboration avec d'autres savants et écrivains comme Diderot ou D'Alembert et s'attaque aux grands problèmes et injustices de son époque.
Au niveau religieux, il s'affirme déiste, c'est-à-dire  qu'il reconnaît la possibilité d'un dieu créateur, mais rejette les religions, qui, pour lui, sont plus au service d'hommes puissants qu'à celui de ce dieu.
Il rentre à Paris en 1778. Il y est accueilli en véritable héros par la population qui accompagne son carrosse. c'est là qu'il meurt quelques mois plus tard.
 

Son corps est d'abord enterré à l'extérieur de Paris, puis, en 1791, en pleine Révolution, il est transporté et inhumé au Panthéon, auprès des autres grands personnages qui ont servis la France.




Les combats de Voltaire

Tout au long de sa vie, Voltaire s'intéresse aux faits divers, nombreux à l'époque, où l'on assiste à des abus du pouvoir de l’Église et à des injustices motivées par l'intolérance. A chaque fois qu'il est averti d'une affaire, il reprend le dossier, vérifie minutieusement le déroulement des évènements et essaye de rétablir la vérité. On peut donc dire que Voltaire, homme du XVIII° siècle, agit comme le ferait aujourd'hui un journaliste engagé : enquêtes, consultation des témoins, vérifications des sources et des faits...

Deux grandes affaires sont représentatives de cette soif de justice de Voltaire : l'affaire du chevalier de La Barre et l'affaire Calas.




 
L'affaire du chevalier de La Barre

Le chevalier de La Barre est un jeune aristocrate qui vit à Abbeville, en Picardie, au début des années 1760.
Un fait divers scandalise alors la population de la ville : une statue du Christ a en effet été vandalisée, tailladée avec un instrument tranchant.
Le chevalier de La Barre apparaît très vite comme le coupable idéal : son frère et lui ont été entendu chanter des chansons où l'on se moquait de la religion et, par la suite, ont refusé de s'agenouiller au passage d'une procession religieuse dans la rue - ce que la tradition imposait.
Il est arrêté en 1665. D'abord condamné aux galères, sa peine est ensuite commuée en peine capitale. Il sera exécuté à l'âge de 19 ans, la langue et une main tranchées, puis décapité avant que son corps ne soit brûlé, un exemplaire du Dictionnaire philosophique, oeuvre de Voltaire, clouée sur la poitrine.

Voltaire se saisit de l'affaire et tente de réhabiliter la mémoire du chevalier, écrivant plusieurs ouvrages sur le sujet (Le cri d'un sang innocent).


L'affaire Calas




Cette affaire a pour décor la ville de Toulouse. La famille Calas est une famille de protestants qui continuent de vivre leur religion, malgré l'édit de Fontainebleau de 1685. Un des fils de jean Calas, Louis, a malgré tout choisi de se convertir au catholicisme.
Or, un soir de 1761, un autre des fils de Calas, Marc Antoine, est retrouvé pendu à une porte de la maison: suicide ou meurtre?
Les officiers qui mènent l'enquête ont déjà un a priori négatif sur le père, Jean, mais en plus le voisinage déverse un flot de rumeurs hostiles qui achève de les convaincre : Marc Antoine souhaitait abandonner le protestantisme et se convertir au catholicisme, comme l'avait fait son frère. Son père n'aurait pas supporté de voir un autre de ses fils "trahir" la religion protestante. L'affaire est entendue: Jean a assassiné son fils...

En 1762, Jean Calas est soumis à la torture (il n'avouera pas), puis étranglé avant que son corps ne soit brûlé.
 
Voltaire rencontre l'un des fils de Jean Calas, qui l'avertit du drame. Dans un premier temps, il pense que le jugement était motivé, mais très vite il se rend compte qu'il existe des incohérences dans le traitement de l'affaire, ce qui l'amène a se persuader de l'innocence du malheureux.
Afin de rouvrir un procès pour réhabiliter calas, Voltaire écrit l'une de ses oeuvre majeurs, le Traité sur la Tolérance.

mardi 1 décembre 2015

Les traites négrières, vidéo de synthèse

Une vidéo de 10 min qui présente les traites négrières, leur fonctionnement et la condition de l'esclave africain. Une bonne synthèse pour achever la séquence et préparer le contrôle...

L'abolition de l'esclavage



L'abolition de l'esclavage en France est progressive. 

Dès la monarchie de juillet (1830-1848), des aménagements de la condition servile sont réalisés : par exemple, la mutilation et le marquage au fer rouge des esclaves fugitifs sont interdits.
En 1846, le roi Louis-Philippe abolit l'esclavage dans les domaines royaux de la Martinique, de la Guadeloupe et de Mayotte. Mais le premier ministre Guizot refuse d'aller plus loin.



C'est la II° République, née de la révolution de 1848, qui mène à bien la suppression de l'esclavage. Le personnage emblématique de l'abolition de l'esclavage est Victor Schoelcher, journaliste, puis député. Il se bat contre l'esclavage dès les années 1830 (De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale, 1833). Il y parvient le 27 avril 1848, libérant ainsi 248 500 esclaves noirs dans les colonies françaises d'Amérique et de l'Océan indien).

Cet évènement est immortalisé sur la toile par le peintre François-Auguste Biard, en 1849.





L'abolition de l'esclavage 
(27 Avril 1848)
François-Auguste Biard, 1849

 Hauteur 261 cm - Largeur 391 cm
 Huile sur toile,  Versailles


Le tableau de Biard représente une scène d’émancipation dans les colonies, au moment de la proclamation de l’abolition de l’esclavage. Au centre, deux esclaves noirs manifestent leur joie, bras levés et chaînes déliées. D’autres, agenouillés, semblent bénir le député chargé de l’annonce, planté sur son estrade, représentant de la République qui vient d’adopter le décret dont il tient le texte en main. La ligne de fuite qu’indique son bras levé s’évanouit dans le drapeau bleu blanc rouge, confirmation de la présence symbolique de la République française. Sur sa gauche, des mousses rappellent la présence de la Marine comme force armée dans les îles. Sur la droite du tableau, c’est la société coloniale qui apparaît, toute de blanc vêtue, recevant dignement les remerciements d’une ancienne esclave agenouillée. Ombrelle, étoffes blanches et luxueuses et canotier s’opposent à la semi-nudité des esclaves, dont les corps noirs enchevêtrés forment une masse compacte. A l’arrière plan, une représentation typique des îles exotiques, avec cocotiers, plaines de culture et montagnes arides, suffit à évoquer n'importe quelle île à sucre.

 La France n’innovait pas en la matière, puisque l’Angleterre, dès 1808, avait aboli la traite des noirs et incité de nombreux pays européens à faire de même. Mais le tableau rend bien l’utopie quarante-huitarde, forte de l’universalité de ses principes et encline à faire participer les colonies à la grande messe républicaine. L’abolition de l’esclavage est certes un pas immense dans la lente acquisition des libertés, que l’art se doit de célébrer, mais le tableau de Biard dit aussi le siècle des puissances impériales triomphantes, sûres de leur légitimité et de leur bienveillance à l’égard des peuples colonisés.

Texte de  Mathilde LARRÈRE   http://www.rmn.fr/