Dans notre chapitre sur le commerce triangulaire, nous suivons le périple du Marie-Séraphique, négrier nantais repris sous le nom de Marie-Caroline par Bourgeon dans sa BD.
Quelques précisions sur ce navire...

Son équipage : l’engagement est souvent délicat. Le capitaine doit être un connaisseur des côtes africaines et du marché des
esclaves. Le
chirurgien doit garantir la santé des captifs (donc leur valeur...).
La
cargaison au départ de France : vivres (en particulier des fèves et du
riz destinés au voyage Afrique-Amérique, rations des captifs qui seront
complétées sur les côtes africaines, eau, marchandises (tissus, fer et
armes, faïences, verroterie et eau de vie de Bordeaux) .
La Marie -Séraphique quitte Paimboeuf le 1er mai 1768, longe les côtes pour arriver à Louango (dans l’actuelle Angola) le 22
août.
Le
bateau charge petit à petit 312 esclaves et lève l’ancre le 18 décembre. La traversée dure deux mois. L’arrivée au Cap
Français (Caraïbes) est suivie de la vente des captifs. Il faut ensuite réaménager le navire pour embarquer les
denrées coloniales : sucre mais aussi café.
Le retour dure du 18 mai au 27 juin 1769, soit au total 14 mois de campagne.
Depuis le premier bateau acheté en 1763 à son arrivée en métropole,
les gains furent importants pour Gruel grâce aux quelques 4069 captifs
traités
en 12 ans de campagnes.
La Marie-Séraphique a été vendue par Gruel en 1776.
Pour finir, les navires de Gruel sont saisis par les Anglais en 1780, et sa sucrerie dans le Nouveau monde sera incendiée en 1791 par les esclaves en
révolte.
Cette planche nous présente l'échelle du Marie-Séraphique: à la fois volumineux et étriqué, quand on pense au nombre d'esclaves embarqués...
Pour réaliser sa reconstitution de l'entrepont du Marie-Séraphique, Bourgeon a puisé à la source de documents comme cette planche tirée d'un ouvrage abolitionniste de 1789, c'est-à-dire s'opposant à la Traite.
On a longtemps pensé que ce genre de document était exagéré par ceux qui luttaient contre l'esclavage, mais les recherches des quinze dernières années ont tendance à prouver qu'ils reflètent largement la réalité.
Cette solution est en vérité probablement fausse: un tel système aurait en effet mis en danger immédiat la vie des esclaves, du fait du manque d'oxygène notamment.
Mais même avec une disposition "en cuiller" sur une simple ligne, l'horreur des conditions de traversée reste entière...